Murmures & Résonances

« Les hommes sont des oiseaux de passage » William Shakespeare

Sarah Avelini

Danseuse interprète / Chorégraphe de la compagnie Yanopa

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Murmures et Résonances 

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Conception et chorégraphie : Sarah Avelini

Interprétation : Avelini Sarah / Chaubert Maude / Ferretti Anna / von Beust Viviane / Vonlanthen Clémence

Musiques : TAHITIAN IRIDIS / MODERAT N22 / MAX RICHTER ON THE NATURE OF DAYLIGHT 

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Durée :
60 minutes (disponible en format court de 10 minutes)

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Contact :
sarah.avelini@gmail.com / +41 79 545 67 07 

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Photos : Heuberger Elise

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Murmures & Résonances

ORIGINES

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Les « murmurations[1]» ou « murmures » définissent le rassemblement des étourneaux dans le ciel ayant pour conséquence la formation de masses compactes et mouvantes. Ce phénomène, qui « se produit entre les mois de novembre et février au crépuscule, suscite un intérêt croissant de la part des scientifiques[2]». En effet, ces derniers constatent que ce phénomène se retrouve à différentes échelles du vivant, telles que dans nos cellules, chez les insectes ou encore chez les vertébrés. 

Certain.es chercheur.ses relèvent que « ces nappes dont le vol semble coordonné, ainsi que la fonction de ces déplacements collectifs restent encore à l’heure actuelle une énigme[3] ». Selon une des hypothèses mises en évidence, les murmurations auraient pour but d’accroître la survie de l’espèce et de collecter plus efficacement l’information. Autrement dit, un ensemble d’individus aurait accès à la même information, au même moment et ce, sans concertation préalable. Information, qui ne serait donc pas perceptible que par un seul individu, mais qui prendrait forme grâce à la propagation et la transmission collective. 

De ce fait, cette conscience collective d’une même information génère alors un mouvement dit d’attraction et d’alignement. En effet, le groupe va développer une certaine sensibilité vis-à-vis d’un changement soudain ou d’un contexte particulier. En réaction, ceux-ci vont émettre un déplacement rapide et cohérent. 

Par attraction, nous entendons ici « une force d’origine électrique, magnétique ou gravitationnelle, qui tend à rapprocher les corps matériels, ou encore, une action exercée sur les êtres animés par quelque chose qui les attire »[4]. En d’autres termes, il s’agirait de la tendance des individus à se rapprocher les uns des autres et à constituer des groupes plus ou moins stables pour réaliser des activités communes. Pour y parvenir, les individus doivent non seulement être attirés, mais également être alignés pour œuvrer dans la même direction. 

Les murmurations, envisagées comme des stratégies de défense et de survie de la part d’une même espèce, se perpétuent de générations en générations, créant ainsi un système de loyauté spécifique. 

Nous pouvons alors nous demander : Qu’en est-il de l’être humain ? Jusqu’où va notre héritage ? Comment communique-t-il et œuvre-t-il pour sa survie ? Comment expliquer que les émotions d’une autre personne nous touchent subitement ? Est-il possible de ressentir l’état émotionnel de l’autre sans pour autant avoir accès à sa dimension la plus intime ? 

Il va de soi « qu’en venant au monde, nous héritons non seulement d’une apparence physique, de traits de caractère, de dons, de croyances, mais également d’une mémoire consciente ou inconsciente issue du vécu de nos ancêtres. Celle-ci peut influencer en partie notre vie et nos relations »[5]

Dans cet ordre d’idées, l’information se transmet de manière intergénérationnelle et a pour conséquence une résonnance plus ou moins forte selon les individus. Ainsi, certains états collectifs particuliers, tels que la peur, la fuite, la victoire ou la défaite se transmettent sans ordre rationnel. 

Finalement, « ce qui est intéressant, c’est qu’il faut que le groupe se retrouve dans un état collectif particulier pour que l’information se propage » et c’est ce constat qui guide mon projet de recherche.

Entre murmures et résonnances, quel équilibre ?

Au début, je me suis interrogée par rapport aux raisons qui poussent les oiseaux à entreprendre de telles prouesses, un véritable ballet chorégraphique ! Puis, je me suis passionnée pour ces phénomènes comportementaux et de mouvement, que l’on appelle l’attraction, alignement, auto-organisation,… 

Ce n’est que dans un deuxième temps que ces états collectifs particuliers m’ont fait prendre conscience que l’homme aussi, de manière plus ou moins consciente, cherche à s’autoréguler pour assurer sa survie. 

Grâce aux émotions et au ressenti, à l’information présente dans notre corps et autour de nous, nous pouvons nous aligner, nous rapprocher ou au contraire nous éloigner… 

Ainsi, afin de retranscrire chorégraphiquement ces phénomènes, il a fallu me représenter ces murmurations à une petite échelle et rédiger des chemins précis et milimétrés en utilisant l’attraction et l’alignement. Dans cet espace, une structure sera alors utilisé comme un outil pour progresser dans leur déplacement. Ce dernier ne sera alors plus un obstacle mais une adaptation à leur environnement.

Tout au long de la performance, alors qu’au départ l’individualité prime, le noyau du travail chorégraphique se portera alors sur l’espace et la dilution des formes. Une synergie se crée même lorsque un.e danseur.se retrouve hors du groupe. Mettre en question l’état émotionel. De quelle manière se mouvoir pour faire comprendre au reste du groupe qu’il s’agit de protection (protection, faim, survie, danger), en jouant sur les notions de construction / déconstruction. Transmettre cette idée d’auto-organisation et de criticalité à travers le mouvement. 

La combinaison entre l’espace, les états émotionels, l’intuition transforment les différentes relations car il suffit d’une situation quelconque pour que le groupe s’agrège en une seconde. 

L’espace comme lieu de déplacement et d’orientation. 

L’espace comme lieu de processus d’adaptation et de transformation. 

L’espace comme lieu de liberté.

[1] Le journal du Dimanche, L’énigme des nuées d’étourneaux, Juliette Demey, https://www.lejdd.fr/Societe/Sciences/L-enigme-des-nuees-d-etourneaux-742926, Article publié le 19 juillet 2015

[2] Idem

[3] Idem

[4] Dictionnaire Larousse

[5] Fémina, Thérapie : La constellation familiale, Chloé Burgat

FICHE TECHNIQUE

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SON TAHITIAN IRIDIS / MODERAT N22 / MAX RICHTER ON THE NATURE OF DAYLIGHT

EN SALLE (Pieds nus)

  • Ouverture : minimum 6m 
  • Largeur minimum : 6m
  • Profondeur : minimum 10m
  • Hauteur : minimum 3.4m

Sol : tapis de danse posé sur plancher ou sol en mousse. De couleur noire de jardin à cour (sur la totalité du plateau). Pas de tapis de danse posé sur carrelage ou béton. 

EN EXTÉRIEUR (En baskets)

  • Ouverture : minimum 6m
  • Largeur : minimum 6m
  • Profondeur : minimum 10m 

REMERCIEMENTS

Ecole de danse le duplex / Ecole de danse la planche / Jonas Dietrich / Vanessa Moullet

Ansi que toutes les personnes qui ont participé, de près ou de loin à l’élaboration de ce projet.